Sous La Cape

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L'équipe municipale fait feu de tout bois!

Dans cette paisible petite ville de province, les notables se sentent menacés de toute part: Romanos, crypocommunistes pullulent au point que le Cabinet fantôme, qui préside en sous-main aux destinées de la ville, envisage le grand ménage. On va enfin pouvoir construire des parkings et des stades!

Extrait

Cet après-midi, Monsieur Crinquette s’octroie une petite visite digestive dans les rues piétonnes du centre-ville. Depuis une vingtaine d’années déjà, le toujours jovial premier adjoint préside aux destinées municipales en l’absence désormais routinière de Monsieur le Député-Maire, fort occupé à la ­capitale.
Monsieur Crinquette tient à prendre le pouls de ses administrés en personne, et tout particulièrement celui de ses chers commerçants, nos infatigables moteurs de la croissance locale, écrivait-il dans son éditorial très inspiré du dernier bulletin municipal.
Ainsi franchit-il, les narines en émoi, l’embonpoint gargouillant et l’humeur volubile, le seuil de l’alléchante Boucherie des Gourmets, puis celui, juste en face, du Faisan doré, son traiteur favori. Il y serre des mains familières, hume des senteurs pleines d’appétence, s’étonne de ce temps exceptionnellement doux pour la saison, on ne sait plus comment s’habiller, déplore cette crise dont on sortira bien un jour et conclut par une bonne gueulante contre les Romanos dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils feraient mieux de rentrer tout de suite chez eux.
– Ça ne servirait à rien, soupire la charcutière – une sacrée patriote, selon lui –, ils reviennent toujours, vaudrait mieux fermer les frontières !
– Au moins pour les nomades, concède Monsieur Crinquette.
Puis il se rend Au tout va mieux, le sympathique bar-tabac-PMU de la place de l’église, anciennement Au tout va bien, et si joliment rebaptisé depuis l’éclatante réélection de l’équipe sortante aux dernières municipales. Le patron, un chaleureux sympathisant, lui sert un ballon de blanc, enjoué à souhait, vous m’en direz des nouvelles, puis un deuxième, fruité cette fois, c’est la maison qui offre, que Monsieur Crinquette lape, comme il se doit, à petites gorgées sonores. Les babines comme de coutume baveuses, Penalty, le vaillant chien d’attaque du café, somnole d’un œil près de la baie vitrée ensoleillée.